le journal du gloppeur

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Mot-clé - retraites

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samedi, décembre 6 2014

Transition vers un système de retraite alternatif

Après de longs mois d'inactivité, je reprends le fil sur la nécessité d'une réforme équitable de notre système de retraite. Dernièrement, j'avais développé l'idée d'un nouveau modèle composé de 2 piliers : le versement d'un revenu de base inconditionnel et la création pour chaque individu d'un livret d'épargne prévoyance (LEP) fiscalement incitatif.

Or le passage du système actuel à ce modèle alternatif n'est évidemment pas instantané, une transition de plusieurs années est nécessaire pour que les administrations puissent gérer la transition mais surtout pour que les individus puissent se préparer et adapter progressivement leurs comportements de consommation et d'épargne.

Durant la période de transition, et afin que les individus qui perçoivent les pensions les plus importantes ne voient pas leur niveau de vie chuter violemment, il conviendrait de faire converger progressivement la pension maximale vers l'actuel minimum vieillesse. Ainsi, sachant que les versements sur le LEP sont déduits du revenu imposable, les individus peuvent, s'ils le souhaitent, augmenter leur niveau d'épargne placée sur leur LEP, afin notamment de lisser leur niveau de consommation dans le temps.

Le moyen de lutter contre les inégalités et d'assurer la soutenabilité du système réside dans la modification des modalités d'indexation des pensions. Afin d'accélérer la convergence entre minimum vieillesse et pension maximale, le minimum bénéficierait d'une revalorisation égale à l'inflation, tandis que les pensions subiraient une érosion régulière et annoncée. Si chaque trimestre, on réduisait de 1% le montant des pensions, l'incitation à effectuer des versements sur le LEP serait relativement forte. Ce qui permettrait au système de réaliser des économies de ressources, sans mettre à contribution une fois de plus les actifs, et accessoirement de réduire les inégalités de niveau de vie au sein des inactifs retraités.

Le niveau relatif des pensions baisserait, en impactant davantage les retraités aisés que les retraités pauvres. Les uns voyant leur pension baisser progressivement au cours des trimestres, les autres profitant du fait que le minimum vieillesse garantit leur niveau de revenu réel, autrement dit leur pouvoir d'achat.

mardi, décembre 18 2012

l'éternelle nécessité de bidouiller ?

en politique, quand on est au gouvernement, on a tendance à annoncer des réformes. des réformes qui en appellent d'autres car bien souvent, les politiques mises en œuvre restent souvent insuffisantes. l'exemple du jour est - encore - celui des retraites. le gouvernement Fillon avait réformé le régime à la marge et on parle déjà du besoin de rouvrir le dossier pour limiter les déficits des caisses de retraite.

jusqu'à présent, les gouvernements ont cherché la facilité. le gouvernement Jospin avait redistribué la "cagnotte" en baisse d'impôts pour relancer ce qui n'avait pas besoin de l'être, sans chercher à réduire la charge de la dette pour les générations futures. le gouvernement Fillon avait allongé la durée de cotisation des actifs pour modérer l'augmentation des déficits des caisses de retraite, sans chercher à rendre l'équilibre obligatoire. les gouvernements donnent l'impression de faire le service minimum, de bidouiller ce qui peut l'être et de reporter à plus tard ce qui peut l'être... alors qu'on attendrait d'eux qu'ils s'attaquent aux problèmes, qu'ils cherchent des solutions durables, quitte à modifier en profondeur le système existant.

sur l'Expansion, on peut lire :

A l'horizon 2020, le Conseil d'orientation des retraites (COR) prévoit un déficit compris entre 20,1 milliards et 24,9 milliards, en fonction des scénarios économiques. Pour revenir à l'équilibre en 2040, il faudrait que le taux de chômage descende à 4,5%, contre 10% actuellement, et que la croissance progresse de 2% par an. C'est le scénario rose. Dans le scénario noir - un taux de chômage à 7% et une croissance de la productivité limitée à 1% par an, plus conforme à la réalité actuelle- le déficit dépasserait les 100 milliards en 2060.

[...]

A l'horizon 2060, dans le scénario central (taux de chômage de 4,5% et hausse de la productivité de 1,5%), il faudrait soit relever le taux de cotisation de 6,2 points, soit baisser le rapport entre la pension moyenne et le revenu moyen de 25%, soit relever l'âge effectif de départ de cinq ans, ce qui le porterait à 69 ans. Ces projections serviront de base de travail pour le gouvernement et les partenaires sociaux en vue d'une nouvelle réforme des retraites en 2013. Les choix s'annoncent douloureux.

on notera qu'une fois de plus, la proposition du COR, comme du gouvernement quand il annoncera sa proposition se réduira à bidouiller un ou deux paramètres du système (durée de cotisation, taux de cotisation, ratio pension moyenne / salaire moyen).

je ne vais pas m'étendre sur le scenario noir évoqué par le COR, ou alors juste pour dire qu'on peut trouver "plus noir que noir". la fin de l'énergie à pas cher et la destruction du capital naturel qui nous environne font que mon pronostic en terme de croissance économique se situe plutôt en dessous de zéro. quant à un taux de chômage réduit de moitié, on se demande comment faire pour l'atteindre sans engager des réformes en profondeur..

si dans quelques années, on se rend compte que la croissance économique n'est pas au rendez-vous, on rejouera ce même spectacle. mais peut-être qu'alors, les actifs refuseront de jouer la même pièce et exigeront une fin alternative. le problème, c'est que plus on retardera la réforme systémique, plus la transition sera socialement pénible et politiquement coûteuse.

samedi, mars 31 2012

pour une protection sociale alternative

j'ai écrit précédemment que le système des retraites - tel qu'il existe en France - me parait peu satisfaisant au regard de la justice sociale et de la liberté individuelle. alors, je me suis essayé à un petit travail d'imagination. plusieurs options sont envisageables :

  • le statu quo - avec le maintien de l'assurance sociale obligatoire - peu satisfaisant.
  • le laisser-faire total - pas plus satisfaisant que le statu quo dans la mesure où il risque d'accroître les inégalités sociales et le taux de pauvreté.
  • ..ou un système qui reconnaisse la capacité des individus à être autonomes à condition qu'on leur en donne les moyens.. c'est cette option que je vais exposer ici.

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jeudi, juin 24 2010

régime de retraite : foutu caractère !

dans un billet précédent, je m'interrogeais un peu rapidement sur l'équité de notre système de retraite. le dossier des retraites n'étant pas réglé une fois pour toute, j'ai décidé d'y revenir, de coucher quelques réflexions.

dans les grandes lignes et même s'il a fait l'objet de quelques retouches plus ou moins marginales - avec l'instauration d'un minimum vieillesse en 1956 - le système français reste marqué par :

  • son mode de financement, par répartition non pré-financé. avec l'allongement de l'espérance de vie, l'augmentation tendancielle du ratio de dépendance de la population inactive par rapport à la population active pose la question de la charge croissante qui pèse sur la population active. le gouvernement peut choisir - sans toucher au système - d'augmenter les prélèvements sur le travail, de réduire le niveau des pensions ou/et d'allonger la période de vie active.
  • son caractère public. c'est l'objectif affiché de maîtrise de l'équilibre financier des comptes sociaux qui a poussé les derniers gouvernements à modifier les paramètres du système (taux et durée de cotisation, niveau de pension).
  • son caractère obligatoire. le système contraint les individus à travailler et à cotiser pendant n trimestres pour leur assurer un revenu jugé acceptable quand ils cesseront leur activité professionnelle.
  • son caractère contributif. le niveau des pensions dépend du niveau des contributions versées pendant la vie active. conséquence : les personnes qui ont des salaires faibles, qui ont connu des périodes de chômage ou expérimenté le job de femme au foyer toucheront des pensions réduites au minimum contributif ou au minimum vieillesse.

plusieurs éléments me font douter de la justice sociale du système actuel :

  1. dans la mesure où je doute de la capacité des futurs gouvernements à assurer les engagements pris par les précédents. déjà, le gouvernement en profite pour changer les règles en cours de jeu. on peut légitimement s'inquiéter de la viabilité-stabilité du système de retraite, du fait d'avoir un jour droit à une pension de retraite. c'est un élément qui me pousse à épargner davantage en vue d'un avenir très incertain, et donc à ne pas rejeter toute idée de régime par capitalisation.
  2. la question de l'équité entre la retraite d'un cadre et la retraite d'un ouvrier est un classique du genre. le cadre perçoit une pension supérieure et pendant une période plus longue que l'ouvrier. dans ces conditions, il serait peut-être plus équitable de laisser l'ouvrier - et le cadre - choisir entre la perception mensuelle d'une pension ou le versement d'un capital équivalent à la somme actualisées des cotisations versées au cours de sa vie active.
  3. le caractère obligatoire me pose problème dans la mesure où il s'apparente à une forme de paternalisme social, l'Etat imposant un cadre dans lequel les individus doivent se plier pour pouvoir avoir droit à une pension de retraite. ainsi sans cette obligation à travailler n trimestres, nous serions incapables de préparer notre retraite..

bref, le système actuel me semble plutôt psychorigide, manque de souplesse et de justice sociale..

mardi, janvier 22 2008

équitable notre système de retraite ?

avec les rustines-réformes successives des retraites, on doit s'interroger sur l'équité du système. ce mois-ci, l'INED publie une note sur la "double peine" des ouvriers : plus d'années d'incapacité au sein d'une vie plus courte (pdf). on y apprend notamment qu'à 35 ans, l'espérance de vie des cadres hommes est supérieure de 6 ans à celle des ouvriers hommes..

bien entendu, il n'est pas question de flinguer les cadres pour réduire l'injustice faite aux ouvriers.. la question que je me pose, c'est de savoir s'il est équitable de faire cotiser pendant une durée égale deux populations inégales devant la mort.
l'inéquitable serait que les ouvriers contribuent davantage - en raison de leur moindre espérance de vie - au financement des retraites des cadres que l'inverse.

quelles pistes pour rendre le système plus équitable ? j'en causerai plus en détail et bientôt mais pour vous mettre sur la voie.. un système de retraite par capitalisation couplé à l'instauration d'un revenu universel me semble une piste intéressante ;-)