pour une protection sociale alternative
Par Vincent le gloppeur le samedi, mars 31 2012, 17:53 - Politique - Lien permanent
j'ai écrit précédemment que le système des retraites - tel qu'il existe en France - me parait peu satisfaisant au regard de la justice sociale et de la liberté individuelle. alors, je me suis essayé à un petit travail d'imagination. plusieurs options sont envisageables :
- le statu quo - avec le maintien de l'assurance sociale obligatoire - peu satisfaisant.
- le laisser-faire total - pas plus satisfaisant que le statu quo dans la mesure où il risque d'accroître les inégalités sociales et le taux de pauvreté.
- ..ou un système qui reconnaisse la capacité des individus à être autonomes à condition qu'on leur en donne les moyens.. c'est cette option que je vais exposer ici.
un système social qui repose sur deux piliers :
l'instauration d'un revenu de base inconditionnel
- chaque individu dispose d'un droit au revenu. la société a progressivement reconnu ce droit avec le minimum vieillesse pour les vieux ou avec le rmi-rsa pour les plus de 25 ans. le revenu de base, versé sans condition de ressources ni d'activité à toute personne adulte ou émancipée, deviendrait le socle d'une protection sociale universelle (pdf). le revenu de base serait cumulable avec les revenus d'activité - supprimant ainsi l'éventualité d'une trappe à inactivité - comme avec les autres revenus de transfert - allocations familiales notamment.
- le financement de ce revenu forfaitaire, versé sans condition de ressource ni d'activité, serait assuré pour partie par la suppression des revenus de transfert - allocations chômage, pensions de retraite, rsa, apl, etc, du moins pour la partie inférieure au revenu de base - par la suppression du contrôle des activités et des ressources des individus et éventuellement par une augmentation de la CSG.
la création d'un livret d'épargne prévoyance
- chaque individu souhaitant se constituer un patrimoine en vue de la retraite ouvre un livret d'épargne prévoyance (lép) afin d'y accumuler et de placer son épargne dans des actifs variés - fonds de pension gérés par les organisations syndicales, obligations, actions, dérivés, parts de sociétés civiles immobilières.. cette épargne restant disponible en cas d'imprévu ou pour la réalisation de tout projet.
- le lép a l'ambition de remplacer à terme de nombreux produits d'épargne - livret a, pea, assurance-vie, perp, perco, livret d'épargne populaire, etc. - puisqu'il dispose d'un avantage comparatif majeur : l'épargne versée sur le lép est déductible à 100% du revenu imposable.
- la taxation de cette épargne intervient lors des retraits et du décès, selon le barème de l'impôt sur le revenu. ainsi, le lép exploite pleinement la progressivité de l'impôt et incite fortement les individus à lisser davantage leur consommation. dans ce cadre, l'impôt sur le revenu tend à devenir un impôt progressif sur le revenu consommé.
de plus, dans la mesure où l'héritage est un revenu exceptionnel, celui-ci se trouve intégré au revenu imposable, s'il n'est pas versé sur le lép de l'héritier. et s'il est versé sur son lép, la taxation interviendra de toute façon lors de ses retraits ou de son décès... on peut alors envisager de supprimer la fiscalité sur les donations et successions, devenue superflue. - on peut éventuellement muscler l'incitation à épargner à long terme en abaissant le taux d'imposition de 0,1 point par an, soit une baisse de 5 points de fiscalité après 50 ans de placement.
- afin de soutenir l'effort d'épargne des individus disposant de faibles ressources, on verse un crédit d'impôt dont le montant diminue avec le revenu.
cette aide essentielle dans le cadre de ce système alternatif permettrait de supprimer les nombreux livrets d'épargne réglementés (livret a, livret d'épargne populaire, plan d'épargne logement, compte épargne logement, livret jeune et livret développement durable) traditionnellement défiscalisés.crédit d'impôt = épargne * (crédit d'impôt maxi / revenu brut)^a, avec a>1.
ce système permettrait aux individus de partir à la retraite quand bon leur semble - c'est à dire sans avoir à justifier de n trimestres de cotisation - ou de cesser leur activité professionnelle pour en créer une nouvelle en autogestion..
l'intérêt d'un tel système, c'est la souplesse qu'il offre, son adaptabilité à des situations diverses : pour s'assurer un complément de revenu en période de chômage, pour financer une formation, voire pour s'offrir une année sabbatique. et sa capacité à rendre la fiscalité plus intelligible.
merci de vos commentaires critiques et constructifs ! ;-)
Commentaires
Intéressant article qui oblige à beaucoup de concentration afin de s'en faire une idée ;).
Tu brosses les aides sociales directes dont tu proposes une redistribution simplifiée sous un seul acronyme. Qu'en est il des aides indirectes ?
Si sur le logement elles ont peu d'effet sur l'individu, elles sont en revanche plus visible sur le médico social, notamment via la prise en charge de l'handicap ou même de la vieillesse ou de la petite enfance via le financement partiel de structure d'accueil.
On sait également que les dépenses fin de vie pour la société sont très onéreuses et représentent plus de la moitié des dépenses santé sur une vie en seulement quelques mois.
Sur l'épargne tu sembles fusionnés des produits dont les destinations et les mécanismes ne sont pas similaires (action - Lep - livret a) dont certain n'ont qu'un but d'enrichissement personnel, d'autres permettent à la collectivité un investissement sur le batis social (livret A par ex).
Peux t-on vraiment fusionner des produits disons "privés" et des produits "à but collectif" ?
Le revenu minimum d'activité est alléchant mais selon que l'on soit d'une option politique ou de l'autre on change diamétralement de vision de la cohésion sociale.
Les uns le verront en plus des aides indirectes que la collectivité apporte et ne font alors que remplacer les minima sociaux trop éclatés.
Les autres le voient comme remplacement des aides existantes directes ou indirectes et feraient alors de l'individu une sorte de consommateur des aides sociales ou services sociaux offerts.
Ce qui dans le cadre des évolutions européennes semblent être tout à fait crédible (concernant la privatisation des services d'aides à la personne et services sociaux d'intérêt général "SSIG").
@ Jérémy :
le revenu de base n'est pas un revenu d'activité, même minimum, puisqu'il serait versé sans condition d'activité.
a priori, je ne vois pas pourquoi les aides indirectes seraient impactées.. si ça devait être le cas, il faudrait d'autres compensations. pour la petite enfance par exemple, le remplacement du quotient familial et des allocations familiales par un crédit d'impôt par enfant permettrait de redistribuer une partie des revenus de transfert en faveur des familles aux ressources modestes mais ça ne doit pas nécessairement conduire à faire payer ce services par les seuls parents.
sur les dépenses de soins ou liées à la perte d'autonomie, le lép n'est peut-être pas une réponse à tous les besoins sociaux mais constitue une piste intéressante. n'oublions pas les instruments traditionnels que sont la fiscalité ou le budget de l’État.
sur la suppression des livrets réglementés et le remplacement des différentes enveloppes par le lép :