dans un billet précédent, je m'interrogeais un peu rapidement sur l'équité de notre système de retraite. le dossier des retraites n'étant pas réglé une fois pour toute, j'ai décidé d'y revenir, de coucher quelques réflexions.

dans les grandes lignes et même s'il a fait l'objet de quelques retouches plus ou moins marginales - avec l'instauration d'un minimum vieillesse en 1956 - le système français reste marqué par :

  • son mode de financement, par répartition non pré-financé. avec l'allongement de l'espérance de vie, l'augmentation tendancielle du ratio de dépendance de la population inactive par rapport à la population active pose la question de la charge croissante qui pèse sur la population active. le gouvernement peut choisir - sans toucher au système - d'augmenter les prélèvements sur le travail, de réduire le niveau des pensions ou/et d'allonger la période de vie active.
  • son caractère public. c'est l'objectif affiché de maîtrise de l'équilibre financier des comptes sociaux qui a poussé les derniers gouvernements à modifier les paramètres du système (taux et durée de cotisation, niveau de pension).
  • son caractère obligatoire. le système contraint les individus à travailler et à cotiser pendant n trimestres pour leur assurer un revenu jugé acceptable quand ils cesseront leur activité professionnelle.
  • son caractère contributif. le niveau des pensions dépend du niveau des contributions versées pendant la vie active. conséquence : les personnes qui ont des salaires faibles, qui ont connu des périodes de chômage ou expérimenté le job de femme au foyer toucheront des pensions réduites au minimum contributif ou au minimum vieillesse.

plusieurs éléments me font douter de la justice sociale du système actuel :

  1. dans la mesure où je doute de la capacité des futurs gouvernements à assurer les engagements pris par les précédents. déjà, le gouvernement en profite pour changer les règles en cours de jeu. on peut légitimement s'inquiéter de la viabilité-stabilité du système de retraite, du fait d'avoir un jour droit à une pension de retraite. c'est un élément qui me pousse à épargner davantage en vue d'un avenir très incertain, et donc à ne pas rejeter toute idée de régime par capitalisation.
  2. la question de l'équité entre la retraite d'un cadre et la retraite d'un ouvrier est un classique du genre. le cadre perçoit une pension supérieure et pendant une période plus longue que l'ouvrier. dans ces conditions, il serait peut-être plus équitable de laisser l'ouvrier - et le cadre - choisir entre la perception mensuelle d'une pension ou le versement d'un capital équivalent à la somme actualisées des cotisations versées au cours de sa vie active.
  3. le caractère obligatoire me pose problème dans la mesure où il s'apparente à une forme de paternalisme social, l'Etat imposant un cadre dans lequel les individus doivent se plier pour pouvoir avoir droit à une pension de retraite. ainsi sans cette obligation à travailler n trimestres, nous serions incapables de préparer notre retraite..

bref, le système actuel me semble plutôt psychorigide, manque de souplesse et de justice sociale..