en 1973 - ça commence à dater - Ivan Illich écrivait Energie et Equité et nous invitait à repenser la notion de vitesse.

quand on cause de la vitesse d'un bolide, on a trop souvent tendance à se contenter d'un rapide coup d'oeil à l'aiguille des km/h. on en oublierait presque qu'on a du bosser pendant de nombreuses heures pour pouvoir se l'offrir. pour évaluer la vitesse, on devrait donc en toute rigueur intégrer la quantité de travail fournie pour produire ou se payer sa bagnole.


hypothèses pour notre petit exercice chiffré :

la distance parcourue dans l'année = 6 000 km, soit l'équivalent d'environ 16 km par jour.
le taux de salaire horaire = 15
le coût de la voiture = 4000 et que sa vitesse apparente moyenne = 30 km/h
le coût du vélo = 100 et que sa vitesse apparente moyenne = 20 km/h
le coût de la marche = zéro et que sa vitesse apparente moyenne = 5 km/h


pour chacun des trois modes de déplacement, le temps passé dans le transport se calcule en rapportant la distance à la vitesse apparente.

ainsi pour la voiture, la durée du déplacement = 6 000 / 30 = 200 h
pour le vélo, 6 000 / 20 = 300 h
pour la marche, 6 000 / 6 = 1 000 h


à présent, on calcule le temps passé au boulot pour produire ou acheter la voiture, le vélo ou la marche.

pour la voiture, la durée de travail = 4 000 / 15 = 266 h
pour le vélo, 100 / 15 = 6 h
pour la marche, 0 / 15 = 0 h


enfin, on peut se faire une idée de la vitesse effective de ces modes de déplacement en rapportant la distance parcourue à la somme des durées de transport et de travail.

pour la voiture, la vitesse généralisée = 6 000 / (200 + 266) = 12,9 km/h
pour le vélo, 6 000 / (300 + 6) = 19,6 km/h
pour la marche, 6 000 / (1000+0) = 6 km/h


ça relativise bien les "avantages" de la bagnole sur ses alternatives, trouvez pas ?
enfin, je laisse Andy Singer conclure le billet avec une planche que j'aime assez.