c'est une estimation du coût de l'inaction en matière de changement climatique.
d'où sort donc cette note monstrueuse ? d'un mouvement écologiste sans doute ? eh non, c'est N. Stern - ancien chief-economist à la Banque Mondiale et actuel conseiller économique au sein du gouvernement Blair - qui en est l'auteur.
qu'est ce que nous apprend ce rapport ? que si on ne remet pas en cause notre modèle de croissance basée sur l'utilisation de ressources fossiles, les coûts environnementaux seront tellement importants d'ici à la fin du siècle qu'on subira des pertes de revenu de 5 à 20%. en comparaison, si nous agissons dès aujourd'hui pour réduire sensiblement nos émissions de gaz à effet de serre (GES), alors les coûts environnementaux ne pèseront que pour 1% de notre revenu. l'analyse économique vient au secours des thèses des écologistes en montrant qu'il est bénéfique de conduire des politiques publiques ambitieuses en matière environnementale.

(au risque de passer pour un défenseur de l'économisme, je pense qu'il est nécessaire que les économistes investissent davantage les questions environnementales. c'est peut-être triste à dire mais sans ça, les élus des formations politiques traditionnelles ne bougent pas. par contre, j'ai bien peur que l'accumulation de rapports ne suffise pas à écologiser les politiques publiques. et ce problème n'est pas propre à l'environnement, souvenons nous de l'inaction du gouvernement Jospin au sujet de la réforme des retraites pour nous rendre compte que c'est la volonté politique qui est l'ingrédient-clé de toute décision publique.)

pour faire bonne figure, nos actuels ministres de l'écologie et de l'économie vantent la situation française où la filière nucléaire réduit le niveau des gaz à effet de serre - mais évitons de dire qu'il reste à peine 60 ans de réserves d'uranium. le hic et ce qu'ils ne disent pas non plus, c'est que depuis 1990 les émissions liées au secteur des transports ont encore augmenté de 23% et que peu d'efforts ont été réalisés dans le domaine de l'habitat.
m'enfin, à gauche on n'a pas mieux avec les communistes et les socialistes de la Nièvre qui veulent relancer l'extraction du charbon..

en Septembre 2005, le gouvernement français a créé un groupe de travail présidé par C. de Boissieu et qui avait pour mission de réfléchir à l'objectif de réduction par quatre de nos émissions de GES à l'horizon 2050. ce qui en ressort, c'est que la solution passe par la maîtrise des filières énergétiques renouvelables, par un effort accru dans la recherche et par une taxe sur le carbone. on y apprend que le nucléaire - qui ne représente que 17% de l'énergie finale en France, 6% en Europe et 2% dans le monde - n'est pas la solution au problème du changement climatique.
last but not least, le groupe de travail associe les économies d'énergie à la prospérité et non pas à des privations insupportables. la réduction des émissions de GES n'est pas l'ennemie de l'économie mais une source de richesses et d'innovations.

alors, on y va ?