Assis sur mon canapé, je regarde le mur d'en face. le mur d'en face est blanc comme le ciel du jour. le ciel du jour est blanc du coton sale. du coton sale, ça a la même teinte que la neige sur la chaussée, cette neige mouillée qui trempe les pieds des piétons. les pieds des piétons flik-flaquent et floquent dans les flaques de neige fondue et ça refroidit les piétons. les piétons vont au boulot ou lèchent les froides vitrines. les vitrines des magasins sont remplies à chaque fin d'année. a chaque fin d'année, on fête Noël et les rayons des hypermarchés sont pleins de jouets pour les enfants. les enfants reçoivent des cadeaux du Père Noël par l'intermédiaire des parents. des parents mangent du foie gras pendant que leurs enfants jouent avec les cousins. les cousins, on ne les voit pas souvent, ils nous manquent et on est content de les revoir à chaque fois. à chaque fois c'est trop court, on a juste le temps de se rendre compte à quel point on se manque. on se manque trop pour s'ennuyer. s'ennuyer ce n'est pas ne rien faire. ne rien faire ça peut être une bonne activité. ça peut être une bonne activité aussi de boire un bon verre de bon vin quand un ami passe par chez soi. chez soi, c'est bien trop petit pour une famille mais aussi bien trop grand pour une personne seule alors on peut chercher quelqu'un avec qui partager les trois places du canapé, ça fait une place et demi. Une place et demi pourrait bien être le titre d'un film de Pierre Lecati, mais non. non, ce n'est pas de lui. lui, Pierre Lecati n'est pas un grand du monde mondain, il est juste une personne, un monsieur abonné à un quotidien généraliste, à son opérateur de téléphone mais aussi à Têtu. têtu, il ne l'est pas vraiment. vraiment, c'est un homme comme il en existe d'autres. d'autres ne sont pas de mon avis. mon avis, on ne s'en occupe pas, on cherche à passer outre, à ne pas en tenir compte. compte tenu du peu d'attention, je préfère parfois taire mes paroles..
Paroles est un ruisseau de mots dans un océan de poésie de la rue de l'ordinaire. l'ordinaire, ce n'est pas du sans plomb. sans plomb, c'est comme le thon, c'est bon. c'est bon, il faut bien s'arrêter un jour de faire ce qu'on fait.

fait divers, une femme de trente cinq ans environ est morte de froid hier dans la nuit devant l'Hôtel de Ville de la commune de Blegnac. Blegnac est une petite ville à la campagne au sud est de la Bretagne. la Bretagne est un bras de roches jeté dans l'océan. l'océan c'est grand comme l'Atlantique qui est tout de même plus petit que le Pacifique. pacifique marche contre la guerre en Gerbie ou contre l'exploitation du peuple. du peuple, il y en a eu en masse. en masse c'est un peu comme en gros, grosso modo. grosso modo, les parents ont plus souvent des enfants que des animaux domestiques. domestiques, elles font le ménage les bonnes femmes. les bonnes femmes font le ménage. le ménage est une habitude à prendre. a prendre les gens pour des cons, ils risquent de le devenir. le devenir de l'humain dépend de la situation des exclus. des exclus de la société de consommation ont manifesté, ce samedi après midi, de la place de la Bastille à la rue Mireille Paul. Mireille Paul tenait son nom de son père comme beaucoup d'autres enfants. enfants des rues ou des hôtels particuliers de la rue Jean Vizet, ils aiment les bonbons que vend la boulangère-patissière-confisière pour trois fois rien. trois fois rien, ça ne fait rien. ça ne fait rien non plus que chaque jour qui passe me rapproche aujourd'hui de la barre des trente ans. trente ans avant que je naisse, même mes parents ne l'étaient pas, et après? après l'effort le réconfort, un bon bol de chocolat Van Houten comme le préparait ma grand mère quand j'étais petit. petit à petit l'histoire s'écrit et des mots se répètent. des mots se répètent. des mots se répètent sur la page et dans les bouches. les bouches ouvertes sont les portes ouvertes aux gros mots, aux mots doux, à la boisson, à la nourriture, aux mouches et à la langue. la langue est un plat que je n'apprécie pas spécialement.

spécialement pour toi, je continue l'histoire. l'Histoire est une chose passionnante pour ceux qui se passionnent pour l'Histoire. l'histoire de la vie des gens est quelque chose de tellement compliquée que je vais peut-être quand même m'arrêter là... là où se couche le soleil, je ne m'y suis jamais couché. couché sur un lit de galets, les yeux fermés mais les narines bien éveillées, j'attends d'avoir trop froid pour rester allongé à quelques mètres des vagues pour rentrer au café sur la digue pour m'offrir un bon chocolat chaud en pensant que la journée a été belle et combien j'aimais les chocolats chauds de ma grand-mère les jeudis après-midis. les jeudis après-midis étaient bien remplis quand j'étais enfant. enfant, je jouais au football et on prenait une douche après l'entraînement. l'entraînement était pas mal fatigant mais on en sortait satisfait de s'être dépensé.
des pensées me viennent et je pense au dimanche matin quand je sors en K-way pour aller courir et je retrouve alors la sérénité de l'homme qui ne pense à rien d'autre qu'à mettre un pied devant l'autre sans s'arrêter. s'arrêter pour respirer et retrouver son souffle. son souffle me réchauffe les oreilles. les oreilles ne sifflent pas mais des garçons sifflent des filles. des filles me rappellent comment je l'ai rencontrée. je l'ai rencontrée un début d'après-midi du joli mois de Mai sur la place Jacques Prévert à Paris.