Gare de l'Est donc, la voilà qui souffle dans le train voie numéro 7 en direction de Nancy. Elle respire de sentir une partie de ses soucis rester sur le quai, c'est un peu excitant de prendre le train et de se dire qu'on est libre de partir là, maintenant. Les voitures, les champs, les arbres, les vaches et les nuages lui cèdent le passage et elle rêve éveillée devant ce décor qui défile. Ce soir, elle ne dormira pas à la maison. Sa chambre sera une chambre d'hôtel. En y entrant, elle regardera l'espace d'abord, puis le lit et les murs. Se poser un moment sur ce lit nouveau, ce lit d'une nuit ou deux et se dire que ce lit-là est bien, que dans un jour ou deux, ça lui fera bizarre de ne plus pouvoir y dormir parce qu'une partie d'elle se le sera appropriée. Il y a la fenêtre de la chambre aussi, elle va se lever du lit et regarder par la fenêtre pour regarder. Tiens, le parking est juste là. Derrière le mur du parking on voit les gens qui sortent du supermarché vider le caddie et remplir le coffre, sauf les packs de bouteilles d'eau et les briques de lait qu'on installe sur la banquette arrière. Ce soir, elle mangera en ville. Il y aura du monde sur les terrasses parce que le soleil est moins pudique que le reste de l'année, il se montre plus longtemps. Elle marchera un peu au hasard de rues pour profiter de cette escapade provinciale. et puis elle rentrera à l'hôtel, un peu fatiguée mais contente quand même. Elle passera un coup de fil, savoir comment ça va à la maison. Et après être passée par la salle de bain, il faudra penser à quelqu'un en s'endormant.